Ce mercredi 1er février après-midi nous avons rencontré trois acteurs à l’échelle départementale ayant répondu à notre demande d’entretien.
Cet entretien prend place après celui mené auprès de Catherine Guillemant, chargée de mission pour la région. C’est donc avec un certain nombre d’éléments définissant la politique publique ainsi que la dynamique qui caractérise le territoire que nous avons abordé cet entretien.
Les acteurs
Les représentants du département du Calvados présents étaient :
Baptiste Clément est chargé d’accompagner et de soutenir les projets culturels type spectacle, festival, théâtre… mis en place par des acteurs locaux, dans le but de voir leurs actions perdurer. L’une des dynamiques accompagnant sa mission est de faire rayonner des projets urbains sur l’ensemble du territoire. Il mène également des actions d’accompagnement de labellisation de projets. Par le biais du « Pôle Contrat Culturel » il appuie la mise en œuvre des projets culturels menés par des communes et intercommunalités.
Armelle Dalibert a pour mission principale la conservation du patrimoine toutes périodes confondues ; cela passe notamment par le conseil et l’accompagnement de propriétaires privés de biens historiques. Toutefois, cela ne s’applique ni aux sites classés « Monuments Historiques » pris en charge par la DRAC, Direction Régionale des Affaires Culturelles, ni aux collections de musées. Mme Dalibert organise également la mise en place du festival « Pierres en lumière » portant sur le patrimoine local. Sa mission se traduit, le plus souvent, par le soutien à la restauration et la mise en attractivité des églises du territoire. L’ensemble de ces missions l’amène donc à gérer l’enveloppe investissement dédiée au patrimoine, budget à hauteur de 2 millions d’euros.
Catherine Mainard est coordinatrice de réseau au sein de « Calvados Attractivité ». Calvados Attractivité est une association créée à l’initiative du Conseil Départemental du Calvados. L’agence d’attractivité gravite autour du conseil Départemental dont elle reçoit les ordres et les financements. La gouvernance de la structure associe socio-professionnels issus du secteur du tourisme et de l’économie, conseillers départementaux et représentants de collectivités locales. Ces deux missions impliquent de : gérer, développer et promouvoir la destination touristique et territoriale. Accompagner les acteurs du territoire dans la mise en œuvre de leur stratégie. Mme Mainard est plus particulièrement chargée de mettre en réseau les acteurs du patrimoine et du tourisme pour que les visiteurs puissent vivre autrement le patrimoine.
Le tourisme de mémoire au Calvados
Le département du Calvados accueille une grande majorité de visiteurs venus faire du tourisme mémoriel en Normandie. Cela s’explique par la présence de sites historiques majeurs comme les plages du débarquement ainsi que de nombreuses structures valorisant le patrimoine de la Seconde Guerre mondiale. On retrouve également des pôles urbains qui proposent de multiples offres de service comme la restauration et le logement, à Caen, Bayeux, etc.
Il est difficile de quantifier le nombre de visiteurs fréquentant les sites « ouverts » tels que les plages ou encore le cimetière américain de Colleville-sur-Mer. Toutefois, certains chiffres permettent d’en mesurer l’ampleur. En 2021, le tourisme de mémoire représentait près de la moitié (45%) de la fréquentation totale des sites et lieux du Calvados. Sur la même période la fréquentation des sites et musées valorisant le patrimoine de la Seconde Guerre mondiale s’élevait à 2,6 millions de personnes.
La valorisation du patrimoine de la Seconde Guerre mondiale
Le département apporte surtout une aide financière et un accompagnement aux projets de valorisation du patrimoine. Un des exemples d’actions menées est l’accompagnement financier pour la préservation des caissons du port artificiel Alliés d’Arromanches-les-Bains ainsi que pour les travaux de modernisation du musée historique de la commune.
Lors des anniversaires exceptionnels du débarquement, tous les 5 ans, il y a un budget spécifique dédié au patrimoine de la Seconde Guerre mondiale. En 2019, la part de ce budget était de 900 000€ d’investissement et de 210 000€ de fonctionnement. Il est prévu qu’en 2024 ce budget augmente, amenant la part d’investissement à 1 200 000 €.
Le département soutient le plus souvent des projets à l’initiative d’acteurs du territoire porteurs d’une idée de valorisation du patrimoine historique. Ce dernier est omniprésent dans la mémoire des Normands et ce sont eux qui alimentent sa promotion et sa diffusion. Une phrase utilisée par nos interlocuteurs illustre ce propos : « En Normandie, le souvenir du débarquement vit tout seul », comme s’il n’était presque pas nécessaire de le valoriser. Chaque Normand à une histoire familiale liée à cette époque. C’est alors une fierté d’en parler et de mettre en avant cet aspect du territoire.
Cela explique en partie l’écart gigantesque de valorisation de l’histoire respective de Drancy et de Normandie. La nature « glorieuse » des évènements du débarquement et de la bataille de Normandie ainsi que le faible déplacement de la population a permis le maintien de cette mémoire et la création d’une culture de la mémoire en Normandie. A contrario, la nature « honteuse » des évènements liés à la Cité de la Muette a contribué à un long silence qui se caractérise par peu d’actions de valorisation. De plus, le territoire de Drancy a connu de grands changements de population et une urbanisation extrême depuis 1944, ce qui a également contribué à l’oubli et au désintéressement de ce lieu et de son histoire.
Maxime Esteves