Acteurs de la Culture de Drancy

Ce lundi 30 janvier 2023, nous sommes allés à la rencontre d’Anthony Mangin, Premier Adjoint au Maire de Drancy et chargé de la Culture de la ville ; et de Pierre Bour, directeur du service Culture à Drancy et fonctionnaire territorial depuis 2001.

L’objectif de cette rencontre était de comprendre comment la municipalité de Drancy fait pour préserver et valoriser la mémoire de la Seconde Guerre mondiale.

Anthony Mangin, Premier Adjoint au Maire, Finances, Politique de la Ville et Culture
Pierre Bour, Directeur du service de la Culture

« C’est une mémoire lourde qui vit avec des commémorations autour d’un wagon » (Anthony Mangin). Drancy abritait un camp d’internement des juifs avant leur déportation vers les camps de la mort. Il n’y a pas vraiment de politique fléchée pour cette mémoire douloureuse.

Pourquoi ?

– Drancy est une ville particulière. Elle compte 72 000 habitants dont 83 % travaillent à l’extérieur de la ville. C’est une commune dortoir car il y a peu d’entreprises sur le territoire. C’est la ville la plus pauvre d’Île-de-France dans la catégorie des plus de 50 000 habitants. Elle touche très peu de recettes, elle ne perçoit que les taxes d’habitation, taxes foncières et dotations de l’État. De ce fait, la ville préfère accorder plus d’importance à l’aide sociale qu’à la mémoire de son territoire : « Aujourd’hui [la Cité de la Muette est un ensemble] de logements sociaux » (Anthony Mangin).

– La ville de Drancy a été à l’initiative de commémorations, à l’heure où l’État ne s’intéressait pas à la question de la mémoire de la Seconde Guerre mondiale. Le maire de l’époque (années 1970-80) s’est battu pour maintenir cette mémoire vivante. Il a obtenu en 1977, la création d’une sculpture sur le lieu de la Cité de la Muette, puis en 1988, le don d’un wagon de la SNCF symbolisant la déportation des juifs. À partir de cette époque et via les commémorations (pour ne pas oublier), la ville a maintenu la mémoire de cette histoire.

– Aujourd’hui, le mémorial de la Shoah, installé face à la Cité de la Muette depuis 2012, renforce ce devoir de mémoire. Le territoire est passé d’une mémoire commémorative organisée par la ville à une « valorisation » mémorielle avec une mention éducative s’appuyant sur une documentation riche. « À Drancy, il n’y a pas de tourisme, c’est un lieu mémoriel. Il y a principalement des visites scolaires et des israéliens qui viennent se recueillir. C’est du recueillement » (Anthony Mangin).

– La ville n’a pas de budget spécifique pour la mémoire de la Seconde Guerre mondiale « Il n’y a pas de budget Mémoire. Quand on organise une soirée sur Simone Vieil pour des scolaires avec un intervenant, il est mis sur le budget Cinéma » (Pierre Bour). Le budget est réparti dans divers services : Culture, Éducation, etc. La politique culturelle de la ville veut se détacher de cette mémoire douloureuse et valoriser d’autres aspects : le Château de Ladoucette reconstruit au XIXe siècle sert de lieu d’exposition, une Micro-folie (un équipement qui propose des contenus culturels ludiques et technologiques ; un espace culturel ouvrira courant 2025), etc.

Les BTSA DATR deuxième année en entretien avec M. Mangin et M. Bour

Clarisse Nicolet