Mémorial de la Shoah

Pour ce premier jour de notre MIL Territoire le 30 janvier 2023, nous sommes allés à la Cité de la Muette et au Mémorial de la Shoah. Ce dernier est un lieu de mémoire du génocide des juifs, situé à Drancy et créé en 2012. Il en existait déjà un à Paris depuis 2005. Le mot Shoah signifie “catastrophe”.

Notre intervenante était Lola Quintin, médiatrice pédagogique pour les Mémoriaux de la Shoah de Drancy et de Paris. Elle est animatrice d’ateliers scolaires, mais aussi parfois pour les adultes et professeurs en cours de formation. Elle a obtenu une licence en histoire de l’art et un master en médiation touristique.

Pour répondre à notre problématique (1) sur Territoire et Mémoire de la Seconde Guerre mondiale à Drancy, il est important de savoir ce qu’il s’y est passé.

Pour contextualiser, les premiers internés juifs sont arrivés le 20 août 1941 au camp de Drancy. Mais comment en est-on arrivé ici ? La France déclare la guerre à l’Allemagne en septembre 1939 car cette dernière vient d’envahir la Pologne. La France est vaincue et est en partie occupée. Rapidement, l’État français (régime de Vichy) collabore avec les nazis et participe à sa politique raciale antisémite.

La première rafle, la rafle du billet vert, s’est déroulée le 14 mai 1941, et était la convocation et l’arrestation de juifs étrangers par la police française. Puis, il y a eu la rafle du Vélodrome d’Hiver, qui s’est déroulée le 16 et 17 juillet 1942. Elle marque le début des arrestations et déportations massives des juifs vers les camps de la mort. Plus de treize milles personnes vont être déportés, dont près d’un tiers d’enfants dans des conditions d’hygiène déplorable. Les juifs ont été ensuite envoyés en train au départ du Bourget ou de Bobigny vers les camps d’exterminations dont Auschwitz.

La Cité de la Muette construite dans les années 1930 devient le camp de Drancy. C’est un bâtiment en forme de U. Les conditions de vie sont insalubres, les internés sont désœuvrés, la question de la faim revient dans tous les témoignages. Le camp est surveillé par la gendarmerie française, les services d’ordres juifs et la préfecture de la Seine. Ils étaient entre 40 et 70 dans des chambrées. Il y a eu jusqu’à 6 500 personnes internés. En tout, 76 000 personnes ont été déportées de Drancy vers les camps dont 11 400 enfants juifs. La Shoah a fait 6 millions de victimes en Europe.

Le Monument commémoratif du camp de Drancy, le wagon de déportation-témoin et la cité de la Muette en arrière plan (photo Margot Merle)

Le camp de Drancy est redevenu un lieu d’habitation en 1948 car il y avait un besoin énorme de logements. Longtemps, la mémoire de ce lieu a été oublié, seuls les soldats britanniques et les Français internés ont été reconnus dans un premier temps comme victimes. Cinquante ans après, en 1995, le président de la République, Jacques Chirac reconnait la responsabilité de la France dans la déportation des juifs.

La Cité de la Muette est aujourd’hui classée. Les phases de rénovations ont mis à jour des graffitis et des messages laissés par les Juifs de Drancy qui sont exposés au Mémorial de la Shoah de Drancy, situé à quelques mètres de là. Avec le Mémorial, le monument commémoratif, le wagon symbolisant la déportation des juifs et les plaques du souvenir, Drancy ne peut pas oublier son histoire douloureuse.

Margot Merle

(1) Comment les acteurs de ce(s) territoire(s) font-ils pour préserver / valoriser le patrimoine de la Seconde Guerre mondiale ?