Table ronde à Sainte-Mère-Église​

Ce jeudi 2 février 2023, nous avons passé l’après-midi dans la commune de Sainte-Mère-Église. Cette ville est réputée pour les grandes batailles qui s’y sont déroulées lors de la Seconde Guerre mondiale, notamment la bataille de la Fière (ou bataille des parachutistes).

Nous avons organisé une grande table ronde avec les acteurs principaux du territoire de Sainte-Mère-Église. Parmi ceux-là, on y retrouve :

Aurélie RENOU : Directrice de l’Office de Tourisme Baie du Cotentin. Éric BELLOC : Conservateur au Airborne Museum. Hugo LEVANNIER : Chargé de communication du Airborne Museum. Éric LABOURDETTE : Président US Normandie, partisan de l’Office de Tourisme, membre de l’association Amis des Vétérans Américains (AVA). Philippe NÉKRASSOFF : Adjoint au Maire de Sainte-Mère-Église, service sécurité/commémoration et membre des AVA. Jean-Jacques LEDUCQ : Porte drapeau et président de l’association AVA. Louisette LEDUCQ : Secrétaire de l’association des AVA. Louise YANA : secrétaire à la mairie et fait partie de l’équipe commémoration/cérémonies.

Le devoir de mémoire

À la suite du débarquement de Normandie du 6 juin 1944, la préservation de cette mémoire devint une priorité pour les populations locales de Sainte-Mère-Église. En effet, dès 1945, des cérémonies furent mises en place sur le territoire. Parallèlement, des vétérans de la Seconde Guerre mondiale ressentirent le besoin de se rendre sur les lieux de batailles. Rapidement, des milliers de personnes (soldats, familles, associations locales…) vinrent célébrer, à Sainte-Mère-Église, le débarquement du 6 juin. Les familles américaines qui entreprirent de faire ce voyage marquèrent le début du tourisme de mémoire. Aujourd’hui, environ 30 000 personnes sont présentes aux festivités du 6 juin dans le village.

Lors de l’après-guerre (1945) des cimetières provisoires ont été mis en place afin d’enterrer les défunts, ce qui contribua au développement de la mémoire. Anecdote touchante, ce sont les Normands qui s’occupèrent dans un premier temps d’entretenir les tombes. Ces cimetières n’ont pas perduré et furent détruits en 1948, après l’enlèvement des corps. Le choix était laissé aux familles, soit de les rapatrier, soit de les enterrer en Normandie. Environ 60% furent enterrés au cimetière américain de Colleville-sur-Mer, 40% retournèrent dans leur pays d’origine, près de leur famille.

Des films précieux pour la notoriété

De nombreux films ont été réalisés sur cette période, ce qui a boosté la notoriété de Sainte-Mère-Église. Tout d’abord, le film référence « Le jour le plus long » (1962). Ce long-métrage est perçu comme un « grand documentaire » qui va mettre en valeur le territoire et le débarquement de Normandie. Cette histoire est tirée d’un fait réel qui trouve son origine dans le parachutage des soldats américains la nuit du 6 juin 1944. Cette nuit-là, John Steele, parachutiste américain s’accrocha avec son parachute au clocher de l’église. Cet événement, que l’on retrouve dans le film, fut aussi à l’origine de la notoriété du village. Ce film sera par la suite exporté à l’étranger, ce qui va continuer aussi à croître la popularité de la commune. Par la suite, les films « Band of Brothers » et « Il faut sauver le soldat Ryan« , contribuèrent aussi à maintenir le débarquement dans les mémoires collectives.

Le tourisme de Sainte-Mère-Église et d’ailleurs

Aujourd’hui, cette guerre reste gravée et bien ancrée sur le territoire de Sainte-Mère-Église grâce à tous les dispositifs mis en place. Parmi ceux-là, on retrouve les 4 musées : Airborne Museum, Musée d’Utah Beach, Musée de Carentan et le Normandy Victory Museum. Ces musées sont complémentaires sur ce qu’ils proposent et attirent environ 600 000 visiteurs par an. Finalement, il n’y a que très peu de traces de l’époque (les batteries d’Azeville) du débarquement sur le territoire. On trouve, essentiellement en Manche et en Calvados des musées (49), des monuments commémoratifs, des cimetières.

Ce sont essentiellement les hommes qui font vivre cette mémoire à travers des manifestations, des visites guidées (Jeep ou minibus), des escapes games. Cette mémoire contribue à un tourisme extrêmement dynamique qui s’appuie aussi sur des gites, des restaurants, des bars.

La fête à Sainte-Mère-Église

Lors du 6 juin, une grande fête est organisée sur la commune, ce qui se traduit par une venue en masse de population française et étrangère (la ville passe de 1 600 habitants à plus de 40 000 habitants en l’espace de quelques jours). Lors de cette journée, on retrouve des fanfares, des défilés de patrouilles française, des vétérans, des défilés de chars etc. Sur ce territoire, on retrouve parmi les visiteurs 50% de français et 50% d’étrangers (Américains, Britanniques, Hollandais, Belges, Espagnoles, Italiens, etc.). Les Allemands restent très peu présents sur le territoire (seulement moins de 5% des visiteurs étrangers). Cela peut s’expliquer par l’histoire lourde qu’ils ont à porter.

L’Office du Tourisme se mobilise sur ces enjeux historiques ainsi que le Comité du débarquement, le service tourisme de la région. Des groupes scolaires (CM1-CM2 et 3ème) sont souvent sollicités lors de projets ou de cérémonies afin de transmettre le devoir de mémoire. Enfin, les associations locales jouent un rôle essentiel dans le travail de mémoire du territoire. En effet, elles organisent et animent les cérémonies et les reconstitutions. À Sainte-Mère-Église, on retrouve deux associations en lien avec la Seconde Guerre mondiale. À l’échelle départementale, on note au moins une association par commune.

Des labels présents sur le territoire

La ville de Sainte-Mère-Église possède le label « Accueil Vélo », les cyclos touristes sont très présents sur le territoire. Enfin, le label « Village étape commune classée touristique » a aussi été attribué à la commune, preuve du dynamisme de son tourisme.

Les projets futurs

Un film irlandais doit sortir en 2023-2024 et doit retracer l’histoire de Sainte-Mère-Église, à travers une reconstitution de la ville et de son passé. Cela devrait maintenir le flux touristique dans la commune. De plus, le 80ème anniversaire du débarquement en 2024 sera marqué par des expositions, un film sur les festivités du 6 juin ainsi que la construction de statues des quatre colonels de la 101ème armée afin de leur rendre hommage. Enfin, des travaux de rénovation du Airborne Museum sont prévus pour juin 2024. Un 5ème étage de 1 200m² sera construit et mettra en avant essentiellement les planners du débarquement. Aussi, un réaménagement des parcs du musée sera établi et une modernisation générale des lieux doit être faite.

Hugo Metayer